CHRONIQUE : Ni d'Ève ni d'Adam (Amélie NOTHOMB)

Résumé : Stupeur et tremblements pourrait donner l'impression qu'au Japon, à l'âge adulte, j'ai seulement été la plus désastreuse des employés. Ni d'Ève ni d'Adam révélera qu'à la même époque et dans le même lieu, j'ai aussi été la fiancée d'un Tokyoïte très singulier.  A.N


Avis : Je l'avoue jusqu'à aujourd'hui je n'ai jamais lu de Nothomb. Elle m'effrayait, j'avais peur que son côté trop excentrique et atypique se ressente dans ses œuvres, j'avais peur d'avoir peur de ne pas aimer à sa juste valeur une auteure que beaucoup idolâtre. Aujourd'hui je ressors heureuse de cette découverte, d'avoir eu la chance de découvrir le japon à travers les yeux et la plume d'Amélie et surtout d'avoir osé franchir le cap, surmonter cette barrière.

Alors pourquoi avoir craqué aujourd'hui et pas hier pour du Nothomb ? Pourquoi celui-là et pas d'autres ? Je pense que j'ai d'abord voulu lire le livre en ayant vu la bande annonce du film (sortie au cinéma le 4 mars) et une fois la bande annonce terminée et mon enquête menée j'ai su qu'il s'agissait d'un Nothomb et croyez-moi sur la parole ça m'a carrément refroidie, puis le destin en a voulu autrement, en me baladant dans une librairie d'occasion c'est sur ce livre à la couverture du film (que je préfère à la couverture originale) que mes yeux se sont posés et c'est avec ce livre et pas un autre que je suis repartie. Il m'a troublé, envoûté comme si c'était lui ou rien d'autre.

J'ai bien fais je suis fascinée par l'histoire que j'ai lu et la profondeur des écrits de l'auteur. 
Quand j'ai lu ce livre je ne m'attendais pas à lire un passage de la vie de l'auteure, loin de là même. Certes le personnage principal se nomme Amélie et certes l'idée m'a traversé l'esprit mais ça n'est pas allé plus loin que ça. Du coup j'ai apprécié l'histoire jusqu'au bout, jusqu'à la révélation qui fait que voilà c'est bien elle, c'est bien son histoire. Je vais vous raconter l'histoire comme je l'ai comprise avant la révélation : 

Amélie est une jeune belge qui vit au Japon pour étudier la langue. N'ayant pas assez d'argent pour vivre elle dépose un jour dans un supermarché, un mot où elle y propose des cours de français particulier. Rinri un jeune japonais lui répond et se donnent rende-vous dans un bar pour le tout premier cours. Amélie est déconcertée devant la difficulté qu'a Rinri à parler en français. Cette dernière exprime même le problème académique des langues étrangères. Les cours particuliers continuent jusqu'au jour où Rinri tombe amoureux d'Amélie. Tout bascule, elle le trouve mignon mais ne sait pas si elle l'aime. Entre voyage, dégustation japonaise, sauce et autres mets du genre on avance et on voit un bout de leur histoire d'amour prendre forme jusqu'à la demande en mariage de Rinri. Tout bascule Amélie prend peur et la première grande péripétie de l'histoire arrive avant de terminer l'histoire avec les mots suivants : "Je commençai à écrire un roman qui s'intitulait Hygiène de l'assassin". Boum ! Illumination le titre m'a fait comprendre qu'Amélie c'était elle, c'était Amélie Nothomb l'auteure de cette histoire et j'ai été d'autant plus séduite.

Il faut savoir que j'adorais jusqu'à ma révélation (qui au passage est inscrite noir sur blanc dans le résumé du livre, que je l'avoue je n'ai pas lu), la beauté des mots. Ces mots justes qui n'en dévoilent ni trop, ni pas assez. Ces mots utilisés à bon escient sans qu'aucun ne prenne le dessus l'autre. Rinri et Amélie était un couple adorable, ils s'aimaient à leur manière, nul besoin de se le dire, ils le savaient. L'histoire était poétique, sans en rajouter, sans tomber dans le gnangnan. Je trouvais ça magnifique de réussir à placer des mots aussi beaux mais maintenant que je sais que l'histoire parle de l'auteure elle-même je trouve ça encore plus surprenant. Ce ne doit pas être évident de parler de soi comme ça, aussi ouvertement, surtout quand on sait que le livre va se vendre, on a envie de tout améliorer, de tout mettre à notre avantage. Mais non ! Amélie Nothomb ne fait pas ça elle, tout reste comme c'était, si elle a été lâche elle le laisse, si elle a été de mauvaise foie c'est pareil. On entre dans l'intimité de l'auteure sans crainte, on se laisse séduire par la légende histoire d'Amélie Nothomb durant son voyage au Japon où l'autodérision prime. Toutefois elle nous laisse goûter au plaisir de voyager avec elle aussi, tous ses détails les plus intimes et profond ressorte que ce soit le goût des plats japonais, les odeurs de gingembre ou l'apprentissage d'une vie on est envoûté dans l'intimité de l'auteure qui fait de ce roman une histoire à son image, absolument atypique. 

Pour conclure je dirais que le double effet de surprise m'a séduite et que si tous les romans d'Amélie Nothomb parle de culture japonaise et de petits rien du quotidien avec autant d'amour et d'humour ainsi qu'un ton décalé, où rien de ce qui devrait être normal ne l’est, il n'y a pas de doute je relirais l'auteure.


Note : Une belle vision du pays où les différences culturelles sont inévitables et où en plus de la profondeur de l'histoire, reste un humour européen très présent.

Titre : Ni d'Ève ni d'Adam

Auteure : Amélie Nothomb

Maison d'édition : Le Livre de Poche

Traducteur : /

 Date de publication : Avril 2009

Nombre de pages : 192 pages

 Prix : 6,10 €

"Je l'aimais beaucoup. On ne peut pas dire cela à son amoureux. Dommage. De ma part, l'aimer beaucoup, c'était beaucoup."